Bureau etudes et vie

Extrait le la revue “The Lancet” Neurology, Vol. 1, Août 2002- La question de millions de dollars concernant la téléphonie mobile

La question de millions de dollars

-Extrait le la revue “The Lancet” Neurology , Vol. 1, Août 2002-

L’utilisation du téléphone mobile (téléphone cellulaire) a augmenté de manière spectaculaire au cours de ces dix dernières années, mais des doutes subsistent à propos de leur sécurité d’utilisation. Gro Harlem Brundtland, Directrice Générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (et initiatrice du Principe de Développement Durable) est clairement concernée par les effets de l’utilisation des téléphones mobiles et particulièrement chez les enfants. Elle a pris la parole lors du 18ème Congrès International du Cancer (UICC) à Oslo le 1er juillet 2002 et y a exprimé des préoccupations concernant les enfants utilisant des téléphones mobiles pendant des heures, chaque jour, simplement parce qu’ils ne sont toujours pas suffisamment informés des nuisances que ces téléphones pourraient leur causer.

Tout comme les patients atteints d’un cancer du poumon ont encorné les firmes productrices de tabac dans des procès, les compagnies de téléphonie mobile font front à des actions en justice de patients qui affirment que l’utilisation du téléphone mobile est responsable de leurs cancers du cerveau. En juin, la compagnie Vodafone a admis devant ses actionnaires qu’elle devait faire face à des procès intentés par quatre de ses utilisateurs aux USA. Si une seule de ces plaintes aboutit, la compagnie pourrait encourir des dépenses se chiffrant jusqu’à 1 billion de Dollars. Un autre cas qui a retenu l’attention des médias est celui d’un neurologue américain qui a régulièrement utilisé un téléphone mobile pendant 9 ans pour rester en contact avec ses patients. En 1998, il a été diagnostiqué porteur d’un cancer du cerveau situé derrière l’oreille droite et attaque aujourd’hui Motorola, Verizon Communications et l’Association de l’Industrie des Télécommunications en justice, en réclamant entre autres 800 millions de $ de dommages et intérêts.

En décidant si des cas comme ceux-ci doivent être soumis à la justice, les juges doivent se baser sur des preuves disponibles de manière générale pour se faire leur propre idée concernant les effets sur la santé de l’utilisation de téléphones mobiles. Ce qui n’est pas une tâche facile. Bien que de nombreuses études aient été effectuées ces dix dernières années, les réponses définitives manquent toujours. Un rapport publié en 2000 au Royaume Uni par le Groupe d’Experts Indépendants concernant les téléphones mobiles, a conclu en se basant sur les preuves actuellement disponibles que les téléphones mobiles ne font pas courir de risques pour la santé. Cependant, ce rapport conforte les préoccupations de Mme Brundtland en déclarant: “s’il y a des effets néfastes dus à l’utilisation des téléphones mobiles, inconnus actuellement, les enfants peuvent être plus vulnérables à cause de leur système nerveux en développement, de la plus forte absorption d’énergie dans les tissus de la tête et d’une durée plus longue d’exposition au cours de la vie… nous estimons que l’utilisation étendue des téléphones mobiles par des enfants pour des communications non essentielles devrait être découragée”.

Les effets proposés de l’utilisation des téléphones mobiles sur la santé vont des maux de tête, des troubles du sommeil, de l’augmentation de la tension artérielle jusqu’aux cancers du cerveau, la zone du corps la plus exposée à de faibles niveaux de radiations de fréquences radio émis par les téléphones mobiles. Il est maintenant largement accepté que les téléphones mobiles sont la cause d’un “effet d’échauffement” des tissus de la tête. Le résultat fut que la Commission Internationale de Protection contre les Radiations Non Ionisantes (ICNIRP) a proposé des lignes directrices afin que les radiations non ionisantes émanant des téléphones mobiles ne dépassent pas un taux d’absorption spécifique (S.A.R. ou T.A.S.) donné.

Cependant, on craint aujourd’hui que des effets non thermiques – qui pourraient se manifester en deçà du seuil de sécurité dicté par le taux d’absorption spécifique- puissent causer des dégâts au niveau cellulaire. Une étude publiée dans l’édition de juin 2002 du journal “Differentiation” par des chercheurs de l’Autorité Finlandaise de Sécurité des radiations et de Sécurité Nucléaire a montré qu’une heure d’exposition à des niveaux non thermiques de radiations de fréquences radio provoque une augmentation de l’expression et de l’activité des protéines de réponse au stress dans des cellules endothéliales humaines en culture. Ces cellules qui entourent les vaisseaux sanguins et ont un rôle important dans le maintien de la barrière hémato-encéphalique (barrière sang-cerveau) manifestent des “fuites” lors de tumeurs, ce qui est bien connu. Bien que les auteurs insistent sur le fait que leur étude était purement destinée à déterminer des effets non thermiques à un niveau cellulaire, les résultats ont donné lieu dans les médias à des préoccupations quant à savoir si ces effets peuvent également se produire chez les êtres humains.

Davantage d’études explorant directement les effets de l’usage des téléphones mobiles sur les populations humaines sont nécessaires en toute urgence. Des études menées par l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), par l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC) et par le Gouvernement de Grande Bretagne sont toutes en cours. Mais, lorsque les résultats de ces études seront publiés (dans 3 à 4 ans à partir d’aujourd’hui) aurons nous appliqué des précautions?

De vastes études confrontant sujets exposés et sujets témoins, menées sur des dizaines de milliers d’utilisateurs de téléphones mobiles seront nécessaires pour démêler ce qui pourrait être des petits risques associés à l’utilisation des téléphones mobiles. L’industrie de la téléphonie mobile occupe sûrement une position lui permettant d’avoir accès aux données nécessaires (enregistrement des facturations correspondant à des millions de téléphones mobiles) et au financement de la réalisation de telles études? Avec l’estimation de 1,6 billions d’utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde à la fin de 2005, même une faible association entre l’utilisation de téléphones mobiles et de cancers du cerveau pourrait avoir des implications massives aussi bien pour les utilisateurs que pour les industries.

Mortalité d’embryons de poles exposés aux ondes des téléphones portables

Mortalité d’embryons de poules exposés aux émissions de champs électromagnétiques de téléphones cellulaires

Par B.J. Youbicier-Simo, J.C. Lebecq et M. Bastide (Laboratoire d’Immunologie et Parasitologie, Faculté de Pharmacie, Université de Montpellier I, F-34060 Montpellier Cedex 2, France, sponsorisé par R.Santini, I.N.S.A. Laboratoire de Biochimie Pharmacologie, F-69621, Lyon, France).

Ex: BIOELECTROMAGNETIC SOCIETY, Twentieth Annual Meeting, Trade Winds Resort, St. Pete Beach, Floride, U.S.A., 7-11 juin 1998 (pp. 103 – 104).

Nous avions antérieurement montré que l’exposition continue d’embryons de poules aux champs électromagnétiques émis par des postes de télévision et par des moniteurs vidéo de computers augmentait le nombre de morts parmi les embryons (Bioelectromagnetics, 1997, 18: pp.514-523).

L’étude présente a été mise en place pour estimer les effets des champs électromagnétiques émis par des téléphones cellulaires sur le développement d’embryons de poules.

Deux groupes de 60 œufs chacun ont été mis en incubation (21 jours à 38 ± 1° C, à 45-55 % d’humidité, dans l’obscurité permanente) sous les conditions d’exposition électromagnétique suivantes : groupe témoin (sans téléphone); groupe exposé (24 h / 24 h d’exposition à un téléphone cellulaire en fonction et placé face vers le bas, à 10 mm au dessus des œufs). Des chiffres figurant sur le plateau portant les œufs numérotent les positions de 1 à 60 (voir figure 1). Le téléphone cellulaire utilisé (Bosch, Cartel SL 2G2, Germany) irradie dans la bande des fréquences radio 900 MHz à une puissance de 2 Watt.

Fig. 1 Schéma d’exposition avec disposition des œufs sur le plateau.

La mortalité des embryons a été évaluée en mirant les œufs et en chiffrant les embryons morts par intervalles de 2 jours, depuis l’état embryonnaire du 3ème jour (ED3) jusqu’à l’état embryonnaire du 13ème jour (ED13) : ED3, ED5, ED7, ED9, ED11, ED13. Les comptages n’ont pas pu être réalisés de puis le 14ème (ED14) jusqu’au 21ème jour (ED21) parce que les œufs étaient devenus tellement opaques (forte vascularisation, augmentation de la taille de l’embryon) que les embryons pouvaient à peine être mirés à travers la coquille. Pour cette dernière période (ED21), la mortalité a été estimée en ouvrant les œufs n’ayant pas éclos.

Trois expériences indépendantes ont été réalisées. La mortalité des embryons a été exprimée, soit en mortalité cumulée (comptages premiers + comptages courants), soit en taux total (pourcentage d’embryons autopsiés depuis ED3 jusqu’à ED21).

Dans le groupe exposé, l’exposition aux champs électromagnétiques était accompagnée d’une augmentation de la perte d’embryons durant toute la période d’incubation, tandis que des variations perceptibles dans le groupe témoin se produisaient principalement à la fin de l’incubation (ED21). De plus, le taux total moyen de mortalité (TDR) pour les trois expériences était 6 fois plus élevé dans le groupe exposé aux champs électromagnétiques que dans les groupes témoins comparés (72,3 % contre 11,9 % ; voir tableau 1).

Expériences Expérience n° 2 Expérience n°3

Age (jours)
Expérience n° 3
Expérience n° 3
Expérience n° 3
Témoins
Exposés
Témoins
Exposés
Témoins
Exposés
NFE: ED3
1
1
5
1
3
4
ED3
1
6
0
7
3
2
ED5
1
8
0
8
3
3
ED7
1
10
0
8
4
4
ED9
2
15
0
10
4
10
ED11
2
17
0
17
4
16
ED13
2
18
0
17
4
20
ED21
7
35
6
34
9
56
TDR 21 %
11,9 %
59,3 %
10,9 %
57,6 %
15,8 %
100 %

Légende : NFE = œufs non fécondés, ED = nombre de jours d’incubation, TDR 21 = taux total de mortalité le 21ème jour.

Tableau 1 : Mortalité embryonnaire cumulée.

La distribution des autopsies dans les groupes exposés était essentiellement restreinte à une zone se situant autour de la source de champs électromagnétiques (ici, le téléphone cellulaire), ce qui contraste avec la distribution éparse dans les groupes témoins (voir les diagrammes de mortalités cumulées ci-dessous).

Ces deux constatations démontrent que l’exposition aux radiations électromagnétiques émises par les téléphones cellulaires augmentent la mortalité lors du développement embryonnaire.

Interactions entre cellules vivantes et champs électromagnétiques

Interactions entre cellules vivantes et champs électromagnétiques: preuves expérimentales des effets de ces champs sur la transduction des signaux et sur la prolifération cellulaire

Résumé d’un article de Robert P. LIBURDY(*) (ex : “On the Nature of Electromagnetic Field Interaction with Biological systems.” Ed. R.G. Landes Cy., 1994).

(*) Lawrence Berkeley Laboratory, University of California Berkeley, California, U.S.A.

Introduction et vue d’ensemble

Les recherches au niveau cellulaire, décrites par l’auteur, concernent les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences E.L.F. (inférieures à 1 kHz). Elles ont pour but d’identifier les réponses cellulaires aux champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences (principalement celles qui sont associées aux réseaux électriques 50 / 60 Hz), afin d’établir un niveau-seuil pour de telles interactions, puis d’interpréter et de vérifier les mécanismes d’interactions. Ces études suggèrent comme très probable un site d’interaction au niveau de la membrane cellulaire puisque l’on observe des modifications dans le transport d’ions et dans les événements ligand-récepteur, telle la liaison avec un anticorps, par exemple.

D’autres chercheurs ont signalé que les champs à extrêmement basses fréquences influencent l’activation des enzymes, l’expression des gènes, la synthèse des protéines et la prolifération cellulaire, ces événements étant déclenchés par d’autres, impliquant des transductions de signaux via la membrane cellulaire. Le concept selon lequel les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences modifieraient d’abord des événements de transduction de signaux de membrane cellulaire précurseurs, et ainsi influenceraient les fonctions à l’intérieur de la cellule via une cascade de transductions de signaux est actuellement l’hypothèse de loin la plus plausible dans la compréhension des effets des champs à extrêmement basses fréquences sur les cellules. L’aboutissement d’une mitogénèse stimulée par l’action des champs à extrêmement basses fréquences, stade final du processus de transduction de signaux, est une augmentation réellement hors normes de la probabilité de mutations génétiques. Le résultat final est le cancer, selon le modèle épigénétique d’Ames de la cancérogenèse. La preuve apportée par l’auteur et son équipe de recherches, quant au fait que les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences peuvent accélérer la prolifération cellulaire dans certains cancers du sein et peuvent agir comme promoteurs in vitro, concorde avec le schéma de ce mécanisme épigénétique et corrobore le principe de la transduction de signaux en direction de la cancérogénèse.

L’auteur et son équipe ont également réalisé des expérimentations biophysiques afin de déterminer si c’est le champ électrique ou le champ magnétique, ou encore la combinaison entre champ magnétique statique et champs magnétiques alternatifs qui est décisive. Cette question relevant de la métrologie est importante dans la compréhension des mécanismes fondamentaux d’interactions et dans l’élaboration d’une démarche rationnelle en vue de dégager les lignes directrices concernant les seuils de champs électriques et magnétiques à extrêmement basses fréquences à ne pas dépasser. Le poids des preuves expérimentales indique que c’est le champ électrique induit (selon les lois de l’induction de Faraday) durant l’exposition aux champs magnétiques qui explique les effets sur les cellules. Une interaction par champ électrique interposé fournit des éléments intéressants quant à la microdosimétrie au niveau cellulaire. Elle confirme l’hypothèse d’une interaction à la surface de la cellule, étant donné que le champ électrique est censé ne pas traverser la membrane cellulaire.

Séquence des événements moléculaires déclenchés par l’interaction des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences (E.L.F.) avec la membrane cellulaire.

En plus de l’intérêt que présentent les problèmes de métrologie relatifs à l’exposition aux champs E.L.F., il est impérieux de s’intéresser à l’état biologique des cellules cibles. L’auteur et ses collaborateurs, ainsi que d’autres groupes de chercheurs ont montré que les types de cellules, la phase du cycle cellulaire, l’activation cellulaire, l’âge de l’animal (ou de l’humain) donneur, le nombre de passages dans la lignée cellulaire, la présence ou l’absence de facteurs de croissance (agents mitogènes), la température, la densité / empilement durant les expositions sont des points dont il faut tenir compte dans ces interactions entre champs et cellules.

L’auteur relate également des études réalisées par son équipe, sur cellules isolées. Ces études constituent une nouvelle direction de recherche que l’on peut grouper sous la rubrique microbio-électromagnétisme. L’étude de cellules isolées, en faisant appel à la microscopie à images digitalisées est une approche potentielle de la microdosimétrie des champs et de l’observation d’effets biologiques en temps réel. Elle n’est limitée que par le pouvoir de résolution spatiale du microscope, laquelle est d’environ 0,1 micron. L’imagerie digitale en microscopie devrait permettre l’évaluation quantitative des particularités dans l’espace et dans le temps, des interactions des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences à l’intérieur de cellules vivantes isolées.

Un mécanisme plausible d’interaction : le couplage via la cascade de transduction de signaux.

Toutes les études concernant l’interaction des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences avec les cellules vivantes aboutissent au concept de l’existence de cascades de transduction de signaux. Il s’agit là d’un mécanisme dont la plausibilité est évidente. R.P. Liburdy et son équipe ont mené plusieurs expérimentations résumées ci-après. Réalisées selon des méthodologies différentes, elles concourent à corroborer ce concept. Elles montrent les réponses cellulaires aux champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences, à partir des phénomènes au niveau de la membrane cellulaire, tels les flux d’ions calcium, jusqu’aux effets indirects comme l’activation des gènes, la prolifération cellulaire et en fin de parcours, la cancérogénèse.

Les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences influencent la cascade de transduction de signaux au niveau de la membrane cellulaire et déclenchent la modification de l’influx des ions calcium et/ou des liaisons avec les récepteurs. Les événements subséquents comme l’expression des gènes et la synthèse des protéines qui aboutiront à la prolifération cellulaire sont influencés à terme, dans la mesure où les modifications initiales des signaux du calcium sont répercutées sur la cascade de transduction de signaux. Plusieurs publications traitant des interactions des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences (p.ex. 50 / 60 Hz) avec les systèmes cellulaires et les transductions de signaux vont dans le même sens.

La membrane cellulaire, site initial de couplage.

La transduction de signaux commence à la surface de la cellule et est à la base de la communication de la cellule avec son environnement. Il s’agit d’un processus général dans lequel une molécule de ligand s’accroche à son site récepteur sur la surface cellulaire et déclenche une cascade d’événements biochimiques dans la membrane cellulaire, lesquels initient une activation enzymatique, une activation de gènes, une synthèse de protéines et finalement la mitogénèse et la prolifération cellulaire. La transduction de signaux est nécessaire aux fonctions cellulaires, à la croissance et à la différentiation. Deux systèmes majeurs de transmission de signaux dans la membrane cellulaire impliquent la dissociation du récepteur tyrosyle-kinase et du récepteur phospholipide. La protéine réceptrice de l’insuline, par exemple, est une tyrosyle-kinase qui est activée par la liaison avec l’insuline. Dans le second système, qui est largement présent et se retrouve dans toutes les cellules dépendant du calcium, un ligand se lie à son récepteur et déclenche la dissociation des phospholipides dans la membrane cellulaire, en aboutissant ainsi à la production de “messagers secondaires” qui contrôlent une myriade de mécanismes métaboliques, de la croissance cellulaire à la différentiation. Beaucoup de récepteurs différents participent à ce processus de transduction de signaux. Par exemple, lorsque la concanavaline-A (Con-A) ou d’autres agents mitogènes se lient aux récepteurs des lymphocytes-T, ceci déclenche une dissociation des phospholipides avec production d’inositol(1,4,5)triphosphate, lequel à son tour augmente le taux de calcum intracellulaire. Il est important de noter que l’augmentation de la concentration en ions calcium liés à des protéines comme la calmoduline et des kinases maintiennent la cascade de transduction de signaux dans la cellule, ce qui aboutit finalement à la synthèse d’ADN, d’ARN et de protéines, à la prolifération cellulaire et à un processus de multiplication clonale de lymphocytes-T.

La figure ci-dessus montre le schéma de la cascade de transduction de signaux dans les lymphocytes activés. Ce schéma s’applique à des transductions de signaux dans les cellules, par l’intermédiaire de récepteurs.

R.P. Liburdy et son équipe ont observé l’influx calcique de deux manières:

a. en utilisant du calcium-45 (45Ca) (radio-actif) afin de suivre l’influx,

b. en utilisant un indicateur de fluorescence, le FURA-2AM pour observer en temps réel les modifications du calcium libre intracellulaire.

a. Etude de l’influx calcique avec du 45Ca en absence ou en présence de concanavaline-A.

Le calcium extracellulaire pénètre dans la cellule via un canal qui s’ouvre lorsque la concanavaline-A (Con-A) se lie au récepteur des lymphocytes-T, à la surface des cellules. Le premier événement est la liaison du récepteur de la Con-A avec le domaine extracellulaire du récepteur du lymphocyte-T, lequel active une tyrosine-kinase dans le milieu cytoplasmique. Ceci se produit instantanément et représente le premier stade de couplage dans la cascade de transduction de signaux. La phosphorylation de la tyrosine du complexe protéine-G conduit à l’activation de la phospholipase-C, laquelle dissocie le phosphoinositol dans la membrane cellulaire, pour produire l’inositol(1,4,5)triphosphate et le diacylglycérol. L’inositol(1,4,5)triphosphate ouvre les canaux calciques et agit également comme un transporteur de calcium endogène pour libérer le calcium de son lieu de mise en réserve dans le réticulum endoplasmique et dans les mitochondries. Le diacylglycérol active la protéine-kinase-C qui régule entre autres le transport d’ions hydrogène et le pH intracellulaire.

Ainsi, après liaison avec le récepteur, il apparaît des augmentations quasi instantanées du calcium et du pH intracellulaires. Ces deux paramètres ont été suivis en temps réel dans des lymphocytes exposés à des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences. Finalement les gènes de transduction de signaux comme le c-myc sont activés via l’action de la calmoduline ou de la protéine-kinase-C. La cellule s’engage ainsi à terme dans la mitogénèse.

Les interactions entre champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences et la cascade de transduction de signaux constituent une formidable amplification. La propagation des signaux implique plusieurs étapes qui vont amplifier l’effet de la liaison première à la surface de la cellule. Par exemple, la liaison d’une molécule se liant à un récepteur à la surface de la cellule, aboutit à l’activation de multiples protéines à effet transducteur ou à l’influx d’un grand nombre d’ions calcium, lesquels vont activer des molécules d’enzymes intracellulaires.

R.P. Liburdy et ses collaborateurs ont établi la preuve de ces mécanismes amplifiés par les champs électromagnétiques au moyen de calcium radio-actif 45Ca sur des lymphocytes de thymus de rats en absence ou en présence de concanavaline-A (activateur). Des cellules faiblement activées par la Con-A accusaient une réponse maximale au champ électromagnétique.

Les lymphocytes-T d’animaux âgés présentaient une activation minimale en présence de Con-A et une augmentation très importante de l’influx calcique suite à l’exposition aux champs électromagnétiques, par rapport aux lymphocytes-T de sujets jeunes.

L’état biologique de l’animal porteur est décisif dans l’initiation de la réponse des lymphocytes aux champs magnétiques. La réduction de la réponse mitogénique avec l’âge concorde avec les données de la littérature courante en immunologie.

c. Etude de l’influx calcique avec indicateur de fluorescence FURA-2AM.

Cette approche a permis aux auteurs d’observer les effets de champs électromagnétiques en temps réel. Le FURA-2AM est un colorant fluorescent sensible au calcium (1), que l’on fixe sur les lymphocytes-T.

Lorsque l’agent mitogène Con-A a été mis en présence des lymphocytes-T, à des concentrations suboptimales (1 microgramme / ml) durant l’exposition aux champs électriques 60 Hz, les niveaux de calcium intracellulaire augmentaient immédiatement pour atteindre un plateau environ 400 secondes plus tard. Ceci était significativement plus élevé que pour les cellules traitées à la Con-A, mais non exposées aux champs électriques.

Ces expériences ont été répétées neuf fois, en utilisant diverses préparations cellulaires.

Ces résultats confirment ceux obtenus avec le 45Ca

Les études par fluorescence en temps réel permettent d’identifier le site d’interaction. Il est bien connu que l’augmentation du signal du calcium dans le calcium intracellulaire pendant la transduction de signaux est due à la libération de calcium par les mitochondries et par le réticulum endoplasmique.

Grâce à ces travaux, les auteurs ont pu démontrer que la membrane cellulaire et spécifiquement l’influx calcique sont directement impliqués dans l’interaction des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences.

Activation des gènes

Les résultats des recherches exposés ci-avant indiquent que les taux d’ions calcium intracellulaires et le pH intracellulaire sont tous deux exaltés durant la transduction de signaux en présence de champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences.

Les auteurs ont suivi deux polypeptides : le c-MYC et le m-ARN car l’oncogène c-MYC fait partie d’une collection de messagers cellulaires communément considérés comme des “gènes à réponse immédiate”, étant donné que leur expression est activée par une quantité de stimuli mitogéniques, depuis l’état de repos de la cellule jusqu’au stade de multiplication.

Les produits protéiniques de gènes à réponse immédiate comme le c-MYC sont considérés comme destinés à faciliter la progression de la cellule à travers le cycle cellulaire et à synthétiser l’ADN en phase S. Les polypeptides c-MYC jouent des rôles dans le contrôle, pendant la transcription et après la transcription d’autres gènes cellulaires et dans la réplication de l’ADN. Des preuves solides existent quant au fait qu’ils accomplissent leur fonction médiatrice comme des protéines de liaisons d’ADN à sites spécifiques. Les cellules maintiennent le c-MYC dans un cadre très restreint de régulation.

R.P. Liburdy et son équipe ont expérimenté sur des lymphocytes de thymus de rats. Les échantillons de cellules étaient prélevés et répartis en deux parties puis l’influx calcique ainsi que le c-MYC et le m-ARN ont été évalués.

L’influx calcique et la transcription du c-MYC ainsi que du m-ARN sont plus élevés dans la population de lymphocytes de thymus de rat activés par mitogène (Con-A) et exposés à un champ magnétique 60 Hz que dans la même population de lymphocytes activés par mitogène et non exposés à un champ magnétique 60 Hz.

Ces expérimentations ont fait appel à des techniques de pointe avec caméras CCD et ont sélectionné des animaux donneurs selon trois tranches d’âges afin de comparer les résultats.

Les résultats indiquent de façon indiscutable une augmentation de 4 fois la concentration en c-MYC et en m-ARN lors de l’exposition aux champs magnétiques 60 Hz. Ils apportent la preuve que les effets des champs magnétiques à extrêmement basses fréquences sur les deux processus de transduction de signaux (influx calcique et augmentation du taux de c-MYC et de m-ARN) sont liés. En se basant sur le rôle du calcium dans la cascade de transduction de signaux, on apporte une preuve réelle de l’existence d’un mécanisme d’interaction dans lequel les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences déclenchent l’influx calcique au niveau de la membrane cellulaire et ceci conduit à des modifications subséquentes dans les événements des schémas de transduction de signaux. Ce modèle d’interaction par transduction de signaux indique comment les effets des champs à extrêmement basses fréquences peuvent perturber d’autres événements cellulaires au cours de la cascade et en particulier dans la transcription des gènes.

D’autres laboratoires de recherches ont étudié les effets des champs électromagnétiques sur le c-MYC et sur le m-ARN sur d’autres lignées de cellules et ont abouti aux mêmes conclusions.

Prolifération cellulaire

Le point terminal dans le processus de transduction de signaux est la prolifération cellulaire, qui aboutit à la mitogénèse. Etant donné que la prolifération est le point ultime du schéma de transduction de signaux, il est important que les études soient conduites en vue d’évaluer les effets des champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences sur la prolifération et la croissance, et en particulier sur les lignées de cellules cancéreuses. C’est ce que R.P. Liburdy et ses collaborateurs ont exploré dans un cas précis de cellules de cancer du sein humain. Il s’agit d’une question importante, étant donné que les champs électromagnétiques à extrêmement basses fréquences ont été soupçonnés d’être un facteur significatif de risque épidémiologique de cancer du sein humain.

Les auteurs ont découvert que la croissance des cellules de cancer du sein humain est modifiée par un champ magnétique alternatif 60 Hz. Dans ces études, un agent oncostatique naturel, la mélatonine, a été utilisé pour supprimer la croissance des cellules de cancer du sein. Cette faculté de la mélatonine a été utilisée pour explorer l’effet de l’exposition au champ magnétique sur les cellules cancéreuses.

R.P. Liburdy et son équipe ont choisi une lignée de cancer du sein humain particulière: la lignée MCF-7. Ils ont tout d’abord vérifié que la croissance des cellules MCF-7 était bien supprimée par la mélatonine, en présence d’un champ magnétique alternatif 60 Hz de 2 ou de 12 milligauss. La mélatonine est une hormone et un inhibiteur naturel de croissance des cellules du cancer du sein positives aux oestrogènes (MCF-7). La mélatonine est intéressante car :

  • elle présente une activité oncostatique naturelle vis-à-vis des cellules de cancer du sein,
  • la libération de mélatonine dans le flux sanguin d’animaux est décrite dans une abondante littérature, comme étant inhibée par les champs magnétiques alternatifs,
  • les expositions aux champs magnétiques 60 Hz sont soupçonnés être un facteur de risque pour le cancer du sein humain.

Les expériences sur cultures de cellules in vitro ont en général négligé le fait que tous les incubateurs disponibles dans le commerce produisent des champs magnétiques et électriques dus aux systèmes de chauffage et aux échanges gazeux à programmation électronique adaptés sur les incubateurs. Des variations considérables existent, selon les types d’incubateurs existant sur le marché. Il existe des champs magnétiques fluctuant, durant l’action momentanée des bobines de commande des vannes de gaz des incubateurs et durant les impulsions passagères de chauffage du système thermostatique à eau maintenant la température dans l’enceinte de l’incubateur. De plus, quelques incubateurs ont des panneaux de portes chauffés électriquement. Tous ces champs ont une fréquence de 60 Hz (réseau électrique) et / ou des composantes à extrêmement basses fréquences. Leurs profils varient significativement au cours du temps, selon le nombre de fois où les portes sont ouvertes. Un autre problème significatif réside dans le fait que ces champs alternatifs peuvent rayonner selon des configurations spatiales variables au sein de l’incubateur. La plupart, sinon tous les incubateurs ont leur équipement de programmation électronique monté sur le plan supérieur de l’incubateur. Les cultures de cellules placées sur les plateaux supérieurs sont exposées à des champs plus importants que celles qui sont placées sur les plateaux inférieurs. Les auteurs ont étudié un système permettant d’exposer les cultures cellulaires à des champs magnétiques très uniformes tout en conservant les dispositions internes d’incubateurs disponibles dans le commerce habituel.

Les incubateurs utilisés par R.P. Liburdy ont été réalisés avec un système de solénoïdes à enroulements inverses et l’enceinte a été délimitée par une carcasse à parois en mu-métal (blindage magnétique), afin de pouvoir à tout instant contrôler le champ magnétique alternatif intérieur en intensité et en configuration spatiale.

Cette étude a débuté par une vérification de l’hypothèse selon laquelle le champ 60 Hz bloquerait l’activité oncostatique de la mélatonine sur la multiplication des cellules du cancer du sein MCF-7. La mélatonine inhibe la prolifération des cellules MCF-7 lorsqu’elle est présente dans le milieu de la culture cellulaire à des concentrations correspondant à la plage physiologique de 10-9 à 10-11 môle par litre. Les courbes de croissance des cellules MCF-7 en l’absence et en la présence de mélatonine 10-11 M/l sont représentées sur le graphique ci-après (graphique 1).

Simultanément à des expositions à des champs magnétiques 60 Hz, sous une intensité de 2 milligauss, les auteurs ont réalisé des expositions comparées à 12 milligauss (graphique 2) dans un incubateur identique. Ce niveau de champ magnétique représente un niveau d’environnement qui est celui ou qui est proche de celui que l’on peut rencontrer à proximité de lignes à haute tension et de réseaux électriques de distribution.

Note du traducteur : Dans la plupart des habitations dont l’installation électrique a été réalisée avec soin et discernement, les champs magnétiques alternatifs ne dépassent jamais 2 mG (sauf en cas de chauffage électrique par le sol ou par le plafond ou en cas de présence de lignes déséquilibrées de réseau 380/220 V extérieur à l’habitation, enterrées ou non).

 

Graphique 1 : Activité oncostatique de la mélatonine sur la croissance des cellules MCF-7 dans un champ magnétique 60 Hz de 2 mG. La mélatonine à la concentration de 10-11 M/l inhibe de 30 % la croissance des cellules cancéreuses le septième jour, en présence d’un champ 60 Hz ambiant de 2 mG

Graphique 2 : Activité oncostatique de la mélatonine sur la croissance de cellules cancéreuses MCF-7 dans un champ magnétique 60 Hz de 12 mG. Le champ magnétique 60 Hz à 2 mG bloque complètement l’activité oncostatique naturelle de la mélatonine.

Ces résultats indiquent qu’un seuil dose-réponse existe apparemment entre 2 milligauss et 12 milligauss.

Ces découvertes concernant les cellules cancéreuses MCF-7 indiquent :

  1. que cet effet in vitro est un niveau cellulaire de réponse aux champs magnétiques, impliquant la prolifération et la croissance cellulaire,
  2. que cet effet implique une interaction qui nécessite la présence de mélatonine, laquelle est un agent oncostatique naturel,
  3. qu’un seuil dose-réponse semble exister entre 2 mG et 12 mG.

Ceci représente une première preuve de l’existence d’un niveau cellulaire de réponse aux champs magnétiques à extrêmement basses fréquences, dépendant de la mélatonine et en relation avec le cancer du sein humain.

Plusieurs modèles ont été proposés pour expliquer la relation entre l’exposition aux champs magnétiques alternatifs à extrêmement basses fréquences et l’apparition de cancer du sein. Ces modèles suggèrent que l’aspect le plus important de cette relation est une diminution marquée de la sécrétion de mélatonine en réponse à une exposition in vivo aux champs magnétiques, concomitante avec une augmentation de la production de prolactine et d’œstrogène. Cette dernière est supposée augmenter la croissance de cellules épithéliales de sein, prédisposées. Par contre, les résultats obtenus dans les laboratoires de l’équipe de R.P. Liburdy traitent d’expositions in vitro de cellules de cancer du sein. Donc ils impliquent des événements cellulaires sous-jacents. Mais il ne faut pas négliger le fait d’une action à distance d’inhibition in vivo de la sécrétion de mélatonine par la glande pinéale (épiphyse). Les découvertes de l’équipe de R.P. Liburdy montrent la possibilité d’existence d’une interaction directe au niveau cellulaire, entre champs magnétiques à extrêmement basses fréquences (50 / 60 Hz), cellules de cancer du sein et mélatonine. Ceci signifie qu’en plus de l’effet d’un champ magnétique sur la libération de mélatonine dans le système sanguin, il peut également exister un effet direct du champ magnétique à extrêmement basse fréquence sur la fonction de la mélatonine au niveau de cellules cibles, par exemple des tissus de sein humain cancéreux et leur prolifération.

Etudes concernant les mesures de champs au niveau des cellules

Une question importante se pose concernant la composant de champ électromagnétique suscitant l’effet biologique : champ électrique ou champ magnétique. Il faut savoir que les deux champs sont simultanément induits par un champ magnétique.

L’importance d’une distinction entre les deux effets est double:

  1. la connaissance des mesures de niveaux d’exposition est essentielle pour élaborer des lignes directrices d’exposition. L’importance de celle-ci devient claire lorsque des différences entre la dosimétrie des champs électriques et des champs magnétiques dans les tissus et dans l’air sont constatées. Les champs magnétiques pénètrent la matière biologique de façon quasi uniforme, tandis que les champs électriques sont significativement atténués. Cette atténuation est hétérogène et dépend de la conductivité spécifique des tissus, laquelle peut varier considérablement (ce qui écarte toute notion de calcul théorique de courant induit). Ces facteurs rendent complexes les évaluation dosimétriques dans l’espace. La connaissance de la mesure du niveau des composantes de champs électrique et magnétique correspondant à des réponses biologiques simplifierait déjà l’analyse.
  2. l’obtention d’informations concernant les mécanismes d’interaction. La connaissance de la (des) composante(s) de champ responsable(s) de l’effet biologique observé permettra de mettre en formules vérifiables les mécanismes de couplage des champs

La loi de l’induction de Faraday indique la relation quantitative qu’un champ magnétique alternatif a avec un champ électrique alternatif qu’il induit. A partir de cette loi, on peut concevoir des expérimentations sur cellules pour vérifier directement si un champ magnétique appliqué ou si le champ électrique induit est le paramètre actif.

Pour ce faire, R.P. Liburdy et ses collaborateurs ont utilisé des boîtes de Pétri à puits annulaires concentriques multiples (voir figure ci dessous), dont certaines étaient munies de cuvettes interrompant l’anneau creux. Ceci permettait de travailler sous champ magnétique seul ou avec et sans champ électrique induit. Les facteurs d’échelonnement des rayons des puits étaient 1 : 3 : 5.

La question posée était donc : pendant une exposition au champ magnétique, l’échelle de l’effet biologique variait-elle avec le champ électrique induit ?

L’étude sur la capture du calcium a montré que le champ électrique induit est le paramètre décisif.

Les effets physiques dominants, associés à un champ électrique interagissant avec la surface cellulaire impliquent la production de courants de surface, le mouvement ou le déplacement de fragments moléculaires chargés sur le feuillet externe de la double couche membranaire et de subtiles modifications structurelles comme des pertes de protéines ou des altérations de conformations lipides / protéines. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’une interaction utilisant un champ électrique comme médiateur, se produisant à la surface cellulaire, influence directement des structures ou des composants internes de la cellule, comme l’ADN, l’ARN et des protéines internes. C’est une raison pour laquelle le concept de transduction de signaux est une voie logique permettant d’interpréter l’action d’un champ à la surface cellulaire, impliquant le calcium où la conformation récepteur-ligand peut induire des modifications ultérieures de l’ADN, de l’ARN et de la synthèse des protéines.

Microbio-électromagnétisme

Les auteurs ont mis au point une technique permettant d’exposer des cellule isolées de lymphocytes de thymus de rat à diverses conditions de champs, en utilisant une caméra spéciale (CCD) et une digitalisation de l’image microscopique, en faisant appel à un indicateur de fluorescence FURA-2AM. Ils ont pu ainsi montrer les liaisons de la concanavaline-A à la surface cellulaire et les modifications conséquentes de la concentration en calcium intracellulaire. Des études futures basées sur cette technique permettront selon les auteurs d’obtenir des résultats précis concernant les mécanismes d’action.


(1) Le FURA-2AM est repris au catalogue SIGMA sous le n° F-0888

Test de l’hypothèse EMF-Mélatonine

EMF Health Report (EMFHR), November/December 2001, volume 9 number 6.

Abstract (résumé) :

Les nouvelles études d’enquête concernant les liens entre l’exposition aux EMF et les niveaux hormonaux faites par Robert B. Goldberg, Ph. D., éditeur : « The melatonine hypothesis », proposées il y a une décade, expliquaient déjà comment l’exposition aux EMF pouvaient être mis en relation avec certains types de cancer d’hormone dépendant, particulièrement le cancer du sein. Chez plusieurs animaux, l’exposition aux EMF réduit les niveaux de l’hormone protectrice qu’est la mélatonine. Depuis quelques années, des chercheurs rapportèrent des effets similaires sur les niveaux de la mélatonine chez les humains, tandis que d’autres observèrent attentivement et ne trouvèrent aucun effet. Aujourd’hui, deux nouvelles études suggèrent que l’hypothèse de la mélatonine est toujours valable. Ces études démontrent que les femmes, qui dorment dans des chambres à coucher où les niveaux moyens de champs magnétiques sont élevés, ces femmes ont des niveaux de production en baisse de mélatonine durant la nuit. Plus intéressant encore, les deux études soupçonnent que une telle interaction entre les champs magnétiques et la mélatonine puisse être spécifique à certains groupes de femmes, révélant de plus grands effets sur la mélatonine chez les femmes plus âgées, chez les femmes qui sont plus grosses et celles qui emploient certains médicaments comme les béta bloquants.

En 1987, l’épidémiologiste Richard Stevens du Laboratoire National du Northwest Pacific, Washington, USA, souleva l’hypothèse de ce que l’exposition aux champs magnétiques des lignes à haute tension et à la lumière artificielle durant la nuit pouvait augmenter le risque de cancer du sein en supprimant l’augmentation normale durant la nuit des niveaux de la mélatonine. La mélatonine, une hormone produite par la glande pinéale dans un schéma qui répond aux variations saisonnières de la lumière et de la durée du jour chez plusieurs animaux, a un effet direct anticancéreux très puissant sur certains types de tumeurs de cellules en culture. De plus, la mélatonine module aussi, chez les animaux, les niveaux d’hormones stéroïdes qui potentiellement réduisent l’incidence de tumeurs dépendantes d’estrogènes comme les cancers du sein. Puisque l’incidence de cancers du sein, dans les pays développés, a généralement augmenté durant le dernier siècle, parallèlement à l’exposition aux EMF et à la lumière artificielle durant la nuit, il semble raisonnable de suggérer une relation de cause possible. Cependant, plus de travaux de recherche sont nécessaires pour appuyer cette « hypothèse de la mélatonine avec des données expérimentales». Il reste à montrer, par exemple, que la lumière et les EMF, qui tous deux peuvent agir pour supprimer la production de mélatonine par la glande pinéale, dans certaines (mais pas toutes) publications de laboratoires, ont un effet similaire chez les humains. De plus, même si un effet de suppression est trouvé, il doit être démontré que le degré de suppression produit par l’exposition aux EMF est suffisamment important pour avoir un effet significatif sur l’incidence ou la progression du cancer. Il n’y a pas encore eu de démonstration directe d’une association entre l’exposition aux EMF et l’incidence de cancer chez les femmes. Les résultats contradictoires des études des EMF / Mélatonine chez les humains et les animaux, et les fortunes diverses de l’hypothèse de la mélatonine ont été bien documentés dans les articles antérieurs parlant de l’hypothèse sur les EMFHR (voir « EMFHR sur l’hypothèse de la mélatonine »). Après quasi une décade et demie depuis que l’hypothèse sur la mélatonine ait été publiée, les résultats provenant des premières études, qui investiguaient directement sur l’hypothèse de la mélatonine, commencent à paraître en publications et comme toute recherche sur les EMF, ils fournissent évidemment des réponses équivoques.

En tant que première étape pour évaluer l’hypothèse de la mélatonine, deux récentes études ont maintenant démontré l’efficacité d’une approche expérimentale pour examiner l’hypothèse de la mélatonine chez les femmes. Aucun document ne fournit une évidence directe de l’association de EMF et du cancer du sein, mais ils montrent qu’il est possible de mesurer de façon sure des niveaux de la mélatonine par une méthode indirecte, et qu’il y a un effet petit mais significatif de l’exposition aux fréquences de EMF à puissances faibles sur les niveaux de la mélatonine chez les femmes.

Le premier document provient d’un groupe du Centre de recherche contre le cancer Fred Hutchinson à Seattle, Washington, qui inclut Richard Stevens parmi les chercheurs. Ce document, qui paraît dans l’ « American Journal of Epidemiology », rapporte une première étude servant à valider la méthode employée en 1994 – 1996 dans l’Etat de Washington, pour de cas de cancers du sein et d’exposition aux EMF’s. L’étude rapportée implique une cohorte de 203 femmes en bonne santé sans antécédents de cancer du sein et qui furent recrutées en tant que groupe de contrôle pour l’étude. Parce que déterminer les niveaux de mélatonine directement à partir du sang est coûteux et inconfortable, l’objectif premier de l’étude fut de voir si les mesures des niveaux urinaires de la sulfatoxymélatonine – 6 – la première métabolite de la mélatonine – procureraient une indication suffisamment précise de la production de la mélatonine que pour être capable de détecter les effets des EMF’s. Chaque femme porta un compteur de champ magnétique durant 72 heures pour enregistrer les expositions aux champs magnétiques de 60 Hz. Le champ magnétique et le niveau de quantité de lumière furent aussi relevés dans la chambre à coucher de chaque femme durant la nuit pendant trois nuits consécutives. Des échantillons d’urine nocturne furent recueillis pour les mêmes trois mêmes nuits consécutives et analysés pour la recherche de sulfatoxymélatonine-6 avec du matériel du commerce de doses radio immune. Cette phase de l’étude eut lieu durant approximativement 14 mois, et fut répétée à environ 3 à 6 mois plus tard, en employant une procédure de distribution au hasard afin d’obtenir les données pour différentes saisons de l’année. Les données des mesures du champ magnétique furent aussi comparées avec les résultats d’un codeur de configuration des résidences de type codeur Wertheimer et Leeper à fil.

Les expositions des femmes, aux champs magnétiques médians des chambres à coucher durant les nuits, furent généralement assez basses (0,39 mG , registre de 0,0 à 16 mG, pour toutes les saisons), avec la moitié des sujets ayant des expositions moyennes sous 0,4 mG. Les expositions individuelles de 24 heures aux champs magnétiques un tant soit peu plus grandes, la moyenne globale, valeur médiane, étant de 0,83 mG (registre de 0,0 à 21 mG) et les distributions furent vraiment distordues, ce qui signifie que tandis que les femmes subissaient des expositions faibles, quelques autres femmes montrèrent passer des nuits avec de grosses expositions. Suivant le schéma de la classification par code du Werteimer / Leeper à fil, environ trois quarts des femmes vivaient dans des maisons classées de configuration à très bas, jusqu’à des bas courants électriques, tandis qu’un quart vivait dans des maisons classées en configuration à haut ou très hauts courants. Lorsque les résultats furent analysés par saison et pour des caractéristiques démographiques variées de femmes, de basses quantités d’excrétions urinaires de sulfatoxymélatonine-6 furent nettement associées avec plus d’heures de jour (variations saisonnières), un âge plus avancé, des indices de masse corporelle plus grands, des consommations d’alcool le jour où les mesures furent prises, et l’emploi de médicaments classés comme béta bloquants, bloquant du canal de calcium ou de psychotropes. Dans chacune de ces catégories, il y eut aussi une variation substantielle des niveaux de mélatonine entre chaque individu, la variation bien connue (aussi rencontrée chez les animaux de laboratoire) qui fait qu’il est plus difficile de détecter un effet EMF dans les études sur la mélatonine. Cependant, après les ajustements faits pour tous les facteurs de démographie et de saison, des expositions plus grandes de nuit à des champs magnétiques dans les chambres à coucher furent associées à une excrétion urinaire plus faible de sulfatoxymélatonine-6 des femmes. L’effet fut faible pour les femmes en tant que groupe, mais fut principalement vu chez les femmes qui prenaient des béta bloquants, de bloquants de calcium et des médicaments psychotropes durant la même nuit et durant les moments de l’année qui ont le moins d’heures de nuit. Lorsque l’un ou plusieurs de ces facteurs entraient en jeu, l’effet du champ magnétique dans la chambre à coucher devint statistiquement signifiant. Aucunes des autres mesures d’exposition aux champs magnétiques, de lumière mesurée la nuit, ou des codes de fils électriques dans la résidence ne furent associés de façon significative avec la réduction d’excrétions urinaires de sulfatoxymélatonine-6. Les chercheurs conclurent que l’exposition aux champs magnétiques de nuit dans les résidences peut faire baisser l’augmentation nocturne normale de la concentration de la mélatonine en circulation. Ayant accompli cette phase de l’étude, l’étape suivante fut l’évaluation de la pertinence biologique de cette dépression pour l’échantillon complet, y compris les femmes atteintes d’un cancer du sein.

Les résultats d’études similaires furent aussi communiqués par des chercheurs originaires de plusieurs universités au Québec, Canada et de la Compagnie Provinciale Hydro-Québec dans les numéros du journal « American Journal of Epidemiology ». Patrick Levallois et ses collègues décrivirent une étude de 416 femmes d’âge entre 20 et 74 ans qui vivaient en 1998 dans la ville de Québec, au Québec dans la région métropolitaine. Un total de 221 femmes vivaient en deça des 150 mètres d’une ligne à haute tension à 735 kvolts (le groupe exposé), tandis que 195 femmes vivaient à plus de 400 mètres de la ligne à 735 kv (le groupe de contrôle). Des techniciens formés visitèrent chaque maison des participantes dans une période de 36 heures, pour mesurer les niveaux de champs électriques et magnétiques. Lors de la première visite, les participantes complétèrent aussi un questionnaire interrogeant sur les points de socio-démographie et sur leurs habitudes personnelles et de santé (incluant leurs habitudes de style de vie, tel que leur état de fumeur, de buveur d’alcool, d’emploi de médicaments durant les dernières 24 heures) et les indices de masse du corps des femmes furent déterminés. On donna aux femmes des compteurs/enregistreurs de champs magnétiques et on leur demanda de les porter et de garder un registre de leurs activités pour les 36 heures à venir. Les femmes portèrent le compteur à leur taille ou dans une poche durant les activités journalières et le placèrent sous leur lit pendant la nuit. Durant chacune des deux visites, au début, et à la fin de la période des 36 heures d’enregistrement, les techniciens mesurèrent les niveaux de champs électriques à différents endroits dans la maison. Un instrument enregistreur mesura les champs magnétiques et les niveaux de lumière durant la nuit dans les chambres à coucher des femmes. Le matin (la nuit passée), des échantillons d’urine furent ramassés pour deux nuits consécutives et analysés pour l’excrétion urinaire de sulfatoxymélatonine-6 avec un matériel de dosage direct radio immune.

L’âge moyen et les autres caractéristiques démographiques des participantes dans le groupe de contrôle et le groupe exposé s’avérèrent être similaires, excepté que le niveau d’éducation fut plus bas pour les femmes habitant près des lignes à haute tension. La longueur de temps de la lumière de jour, durant la collecte des données, fut aussi différente entre les deux groupes, avec une proportion légèrement plus grande des sujets vivant près des lignes à haute tension étudiées dans des périodes de photo plus petites que les douze heures (exemple, durant les mois d’hiver). Comme on s’y attendait, les expositions géométriques aux champs magnétiques durant 24 heures furent nettement plus grandes dans le groupe exposé, comparées aux expositions de groupe de contrôle, 3,3 mG contre 1,3 mG ; tout comme l’

étaient les niveaux moyens de champs magnétiques durant les deux nuits d’exposition (2,9 contre 0,8 mG). Les mesures moyennes de champs magnétiques pour les deux nuits furent étroitement liées aux sujets individuels démontrant leur fiabilité. L’exposition aux champs électriques résidentiels furent aussi nettement plus grands dans le groupe exposé par rapport au groupe de contrôle ; les moyennes géométriques étant 10,5 W/in contre 5,8 W/in (Watt par inch). Cependant, juste comme dans l’étude de Seattle, une analyse plus détaillée révéla que la diminution d’excrétion urinaire nocturne de sulfatoxymélatonine-6 avec l’âge et avec l’augmentation de l’indice de masse du corps était plus prononcée chez les femmes qui vivaient proches des lignes à haute tension que dans le groupe de contrôle.

Des associations importantes avec la diminution des niveaux urinaire de sulfatoxymélatonine-6 furent révélées pour l’âge avancé, l’état de post ménopause, l’indexe plus élevé de masse du corps, le non emploi d’alcool durant les dernières 24 heures, l’emploi de médicaments (béta bloquant, bloquant des canaux de calcium, d’anxiolytique, de médicaments non stéroïdes anti-inflammatoires) dans les dernières 24 heures, et les niveaux plus bas d’éducation. La lumière durant la nuit fut associée de façon négative avec l’excrétion de sulfatoxymélatonine-6 dans un analyse brute (sans réglage pour éviter la confusion). Les niveaux de sulfatoxymélatonine-6 nocturne ne furent pas très différents entre les groupes exposés et de contrôle considérés comme un tout et il n’y eut aucune tendance de niveaux de sulfatoxymélatonine-6 avec les quartiles d’exposition aux EMF (exemple, relation non évidente de réponse à la dose) ou avec des expositions aux champs électriques des résidences avec ou sans réglage pour éviter la confusion. Cependant, juste comme dans l’étude de Seattle, une analyse plus détaillée révéla que la diminution des excrétions urinaires de sulfatoxymélatonine-6 avec l’âge et avec les indexes d’augmentation de masse du corps étaient plus prononcées chez les femmes qui vivaient près des lignes à haute tension que chez les femmes du groupe de contrôle. Des analyses statistiques révélèrent des corrélations importantes pour les expositions aux champs magnétiques lorsque l’échantillon était limité aux femmes avec un ou plusieurs de ces facteurs. Les auteurs conclurent que, alors qu’il n’y avait pas d’effet global dû à l’exposition aux EMF sur l’excrétion urinaire nocturne de sulfatoxymélatonine-6 dans le groupe à l’étude, des expositions moyennes plus grandes aux champs magnétiques augmentent l’effet de certains facteurs associés avec la diminution de la sécrétion de la mélatonine, spécialement l’âge plus avancé et l’excédent de poids du corps. Ces deux études indépendantes montrent des résultats cohérents qui conduisit le groupe de chercheurs à des conclusions très similaires ; en dépit de plusieurs facteurs qui affectent l’excrétion de sulfatoxymélatonine-6 durant le nuit, les deux groupes furent capables de détecter les effets des expositions aux EMF à des niveaux assez bas d’intensité, mais ce fut uniquement lorsque la population à l’étude fut fractionnée pour se concentrer sur les femmes exposées à un ou plusieurs facteurs additionnels qui réduisent les niveaux de la mélatonine. Par opposition, à ces résultats, les chercheurs qui ont exposé des sujets humains dans un cadre de laboratoire n’ont souvent vu aucun changement de niveaux de mélatonine. Par exemple, un résumé récent de recherche faite au Midwest, l’Institut de recherche de la ville de Kansas rapporta n’avoir découvert aucun effet sur les niveaux de mélatonine dans un groupe de 53 femmes, âgées de 19 à 36 ans, qui furent exposées à un champ magnétique intermittent de 283 mG et de 60Hz. La différence a pu être due aux caractéristiques des sujets de l’étude ou aux caractéristiques de champ. Avec des « champs naturels » (réels dans la vie) qui dans les études épidémiologiques ont une intensité en moyenne plus basse, plus variable, et entremêlés avec des composants à haute fréquence dus aux courants éphémères sur les appareils domestiques électriques. A cause des nombreux effets potentiels de la mélatonine sur la santé, spécialement au regard du vieillissement et de la carcinogenèse (cancérogenèse) , les découvertes de deux études épidémiologiques, si elles sont confirmées peuvent aider à expliquer les effets possibles sur la santé des EMF chez certains groupes vulnérables de la population. La relation entre les niveaux de la mélatonine et les conséquences graves sur la santé, tels que le cancer du sein, reste encore à démontrer. Des résultats ultérieurs de ces études peuvent indiquer des associations significatives avec l’incidence sur la maladie, ou peuvent ne montrer aucun effet, qui indiquerait que le lien causal est soit non présent ou insuffisant pour produire une association statistiquement significative dans le contexte de plusieurs autres facteurs qui peuvent influencer le taux des maladies.

L’EMFHIR a rapporté plusieurs fois l’hypothèse de la mélatonine durant les 9 dernières années. Le fichier suivant est offert pour la commodité du lecteur :
« Les couvertures chauffantes et la mélatonine », juillet/août 2001, p.8
« Est-ce que l’exposition aux EMF affecte les niveaux de mélatonine ? », mai/juin 1999, p.15
« Les niveaux de la mélatonine en laboratoire et dans le monde réel », janvier/ févr.1999, p. 6
« Les effets de la mélatonine : de nouvelles explications pour des résultats variables », sept./oct. 1997, p. 10
« Mélatonine : un effet individuel aux EMF ? », nov./déc. 1996, p. 11
« Les effets des EMF sur les niveaux de la mélatonine restent insaisissables. » nov./déc. 1996, p.11
« L’inhibition des effets de la mélatonine sur les cellules du cancer du sein due aux effets des champs électromagnétiques. » juil./août 1996, p.
« Le livre des auteurs de recherche des effets EMF sur la mélatonine. » nov./déc.1995, p. 6
« La glande pinéale : les rythmes biologiques et les EMF. » jan./févr. 1994, p.1-5
« La mélatonine pinéale. » jan./févr.1994, p.6
Les fréquences des lignes à haute tension et la glande pinéale. » août/sep. 1993, p.5

H2CH2NHCOCH3 = mélatonine

Pour en savoir plus :
Am J Epidemiol 125 (4) : 556-561, 1987 (Am j = American Journal of Epidemilogy)
Am J Epidemiol 154 (7) : 591-600, 2001
Am J Epidemiol 154 (7) : 601-609, 2001
Environ Health Perspect 109 (5) : 501-507, 2001

Sensibilité cutanée et moniteurs vidéo cathodiques d’ordinateurs

Une interview du Prof. Olle Johansson(1) par la FEB(2)

FEB: Qu’est ce qui vous a poussé à vous intéresser aux personnes souffrant de troubles résultant du travail devant des moniteurs vidéo d’ordinateurs?

Prof. Johansson: Tout cela a commencé en 1980 après avoir entendu une émission radio à laquelle participait Mme Kajsa Vedin de Göteborg, elle-même très active dans le cadre d’une association et auteur d’une excellente analyse intitulée : “In the shadow of a microchip” (Dans l’ombre d’une micro-puce), concernant les risques professionnels encourus suite au travail sur ordinateur. Cette personne réclamait une expertise en neurologie. Comme scientifique de la neurologie, j’ai pensé que j’étais suffisamment versé en ce domaine et je croyais fortement que le dénouement qu’elle attendait de voir mettre en avant plan devait pouvoir être exploré facilement en utilisant le répertoire conventionnel des “outils” scientifiques. Je ne me rendais pas compte finalement de ce qu’il y avait d’autres forces qui ne désiraient pas voir s’engager de telles études, mais très tôt, je compris que ces investigations clairement définies, simples et évidentes proposées par Kalsa Vedin seraient très, très difficiles à mettre en œuvre.

Bientôt, le même type de propositions devaient être mises en avant par beaucoup d’autres personnes, incluant les deux journalistes Gunni Nordstrom et Carl von Schéele, qui ont plus tard publié leur premier ouvrage “Sjuk av bildskarm” (Malade à cause du travail devant écran d’ordinateur), Ed Tidens, 1989. Malheureusement, la plupart de ces études proposées n’ont toujours pas été engagées 15 ans plus tard.

FEB: Avez-vous mis en doute les personnes qui se plaignaient d’être devenues malades en utilisant des moniteurs vidéo d’ordinateurs?

Prof. Johansson: Pour moi, il devint clair immédiatement que les personnes se plaignant de réactions cutanées après avoir été exposées à des écrans d’ordinateurs pouvaient réagir de manière très spécifique, selon une réaction particulière de défense et ce spécialement si l’agent provocateur est une radiation ou une exposition chimique, comme cela se passe lorsqu’on est exposé à des rayonnements solaires, à des rayons X, à de la radioactivité ou à des odeurs chimiques. L’hypothèse de travail était donc que ces personnes réagiraient selon une voie cellulaire correcte vis-à-vis des radiations électromagnétiques, peut-être de manière conjointe avec les émanations chimiques comme les composants des plastiques, des retardateurs de feu etc., ce qui fut l’objet de l’attention du Prof. Denis Henshaw et de ses collaborateurs à l’Université de Bristol (ceci a été mentionné dans le livre de Gunni Nordstrom “Morklaggning – Elektronikens rattslosa offer” (Edition Hjalmarson & Hogberg, 2000).

Très tôt, cependant un grand nombre d’autre “explications” sont devenues à la mode chez beaucoup de collègues de clinique, par exemple, que les personnes se plaignant de “dermatites d’écran vidéo” n’étaient que victimes de leur imagination ou qu’elles souffraient de troubles psychologiques post-ménopausiques, ou qu’elles étaient âgées, ou qu’elles n’avaient qu’un bagage scolaire rudimentaire, ou qu’elles étaient victimes du réflexe classique de Pavlov. Etrangement, la plupart de ces “experts” auto-proclamés qui proposaient ces explications n’avaient eux-mêmes jamais rencontré de personne se plaignant de dermatite d’écran vidéo et ces “experts” n’avaient jamais effectué une quelconque étude concernant les modèles proposés d’explication. Les explications se sont rapidement révélées être des excuses de nature scientifiquement frauduleuse! Il est intéressant de constater que la science à ce moment était plutôt de la magie. Il reste à des journalistes adroits à enquêter sur la manière dont cela s’est passé.

FEB: Vous avez créé les termes “dermatite d’écran vidéo”, une appellation clinique pour expliquer les lésions cutanées apparues à la fin des années 70, lorsque les employés de bureau, principalement des femmes, ont commencé à être placés en face de moniteurs d’ordinateurs. Beaucoup parmi ceux-ci sont devenus malades et ont présenté des problèmes cutanés et neurologiques. Beaucoup de dermatologues cliniques au contraire, sous la direction du Prof. Sture Lidén, ont parlé de peurs instiguées par les syndicats, de psychoses causées par les mass-média, de phénomènes d’imagination, de réflexes de Pavlov et ainsi de suite. Mais vous, vous avez abouti à une conclusion totalement différente. Pouquoi?

Prof. Johansson: J’ai refusé de réduire les gens à un diagnostic de pathologie psychologique définie, bricolé de toute pièce, sans aucun fondement même pour des experts en psychologie et en psychiatrie. Par contre, j’ai tenté une action par la voie de la médecine du travail, de la biophysique et de la biochimie ainsi que dans le milieu des sciences neurologiques et de dermatologie expérimentale.

Je soutiens le principe démocratique selon lequel des citoyens ont le droit d’être malades, même s’ils ont une maladie impliquant un nouveau diagnostic non encore reconnu par le monde médical. Toutes les maladies ont été l’objet une première fois d’un “nouveau diagnostic” et la profession médicale a mis fortement en doute la pathologie de l’amiante, l’herpès, le SIDA et l’encéphalopathie spongiforme bovine (vache folle) etc. Je termine souvent mes conférences par cette phrase d’Einstein : “La chose importante, c’est de ne jamais cesser de se poser des questions”. Je n’ai jamais arrêté de me poser des questions et j’utilise les réponses pour les intégrer parmi le nombre sans cesse croissant de pièces d’un puzzle très, très compliqué et énigmatique.

FEB: Mr. Helge Tiainen, ancien responsable du service “Consommateurs” de Nokia Electronics en Suède a déclaré le 23 février 1994: “Les résultats des recherches de Olle Johansson pourraient très bien secouer fortement le monde de l’industrie électronique, mais l’humanité a le droit de savoir!”. Vous avez reçu des menaces de mort et vous avez été harcelé. pensez-vous que ceci a quelque chose à voir avec vos tentatives de permettre à l’humanité de savoir?

Prof. Johansson: Malheureusement oui.

FEB: Votre thèse de doctorat portait sur les neuropeptides dans le système nerveux central et périphérique. Ces substances, sont-elles également impliquées dans les réactions au niveau de la peau des personnes électrosensibles?

Prof. Johansson: Vous soulevez là une question très importante! Il s’agit d’un sujet que nous souhaitons étudier depuis plusieurs années, mais jusqu’ici, nous n’avons pas pu être en mesure de poursuivre cette voie digne d’intérêt à cause du manque de financement. Etant donné que les personnes se plaignant d’électrosensibilité / dermatite d’écran vidéo décrivent des sensations cutanées, telles des démangeaisons, des picotements, des rougeurs etc., il est évident que le système nerveux périphérique aussi bien que le système nerveux central doivent être impliqués. Et, en comprenant les modifications des neurotransmetteurs chimiques ou des niveaux des neuromodulateurs, de la synthèse, de l’interruption, de la libération ou de la recapture, on pourrait beaucoup mieux appréhender et comprendre les fondements de ces réactions d’évitement basées sur des signaux transmis via les voies classiques sensorielles et autonomes.

FEB: Lorsque vous réalisez des biopsies sur des personnes électrosensibles, que constatez-vous habituellement?

Prof. Johansson: Nous sommes précisément maintenant dans un processus d’examen d’un grand nombre d’échantillons de peaux de visages, et à partir de cela, nous constatons couramment une forte augmentation des cellules souches. Aujourd’hui, nous n’utilisons pas seulement l’histamine, mais aussi d’autres marqueurs de cellules souches comme la chymase et la tryptase, mais le schéma est toujours le même, comme indiqué précédemment pour d’autres personnes électrosensibles. De plus, des augmentations de nature similaire ont maintenant été démontrées dans une situation expérimentale exposant des volontaires sains normaux à des écrans vidéo d’ordinateurs et à des postes de télévision ordinaires.

Au cours des études préliminaires, une publication doit être mentionnée. Dans celle-ci, de la peau de visage de patients atteints de ce que l’on appelle la dermatite d’écran vidéo a été comparée avec de la peau de visage de volontaires sains. Le but de l’étude consistait à évaluer des marqueurs possibles à les utiliser pour des investigations par provocation en double aveugle ou en aveugle. Des différences ont été trouvées pour les marqueurs biologiques comme la calcitonine, peptide de relation génique (CGRP), la somatostatine (SOM), le polypeptide vasoactif intestinal (VIP), le peptide histidine-isoleucine amide (PHI), le neuropeptide tyrosine (NPT), la protéine S-100 (S-100), l’énolase neurone-spécifique (NSE), le produit protéine génique 9,5 (PGP) et la phényléthanolamine N-méthyltransférase (PNMT).. L’impression générale dans le matériel codé en aveugle était telle qu’elle a permis facilement la séparation en deux groupes distincts l’un de l’autre…

FEB: Vous et votre collaborateur Shabnam Gangi avez présenté un modèle théorique concernant la manière dont les cellules souches et les substances qu’elles sécrètent pourraient expliquer la sensibilité aux champs électromagnétiques. Pourriez-vous s’il vous plaît, expliquer cela, et expliquer également le fonctionnement des cellules de Langerhans ainsi que le temps mis pour revenir à la normale?

Prof. Johansson: Oui, nous avons publié deux articles d’aspect théorique. Ils s’écartent des faits connus dans le domaine des lésions liées aux radiations ultra-violettes et aux radiations ionisantes. Ils tiennent compte des publications récentes concernant les altérations observées par exemple avec les champs électromagnétiques des réseaux électriques et avec les champs de micro-ondes, pour proposer un modèle simple, résumant la manière d’interpréter le phénomène d’électrosensibilité.

Dans la première publication, parue dans “Experimental Dermatology”, nous avons décrit le fait que de plus en plus de personnes disent qu’elles ont des problèmes cutanés ainsi que des symptômes liés à certains organes internes, tels le système nerveux central et le cœur lorsqu’elles s’approchent d’appareils électriques. Un groupe dominant de ces patients représente les usagers des moniteurs vidéo d’ordinateurs. Ceux-ci se plaignent de souffrir de symptômes subjectifs et objectifs en relation avec la peau et les muqueuses, comme des douleurs, des démangeaisons, des sensations de chaleur, des erythèmes, des papules et des pustules. Les symptômes liés au système nerveux sont, par exemple des vertiges, de la fatigue et des maux de tête. Les érythèmes, les démangeaisons, les sensations de chaleur, les oedèmes et les douleurs sont également des symptômes communs aux coups de soleil (dermatites ultra-violettes).

Des altérations ont été observées parmi les populations de cellules de peau de patients souffrant de ce que l’on appelle la dermatite d’écrans vidéo; elles sont semblables à celles observées sous l’effet de radiations ultra-violettes ou de radiations ionisantes. Chez les patients souffrant de dermatite d’écrans vidéo, un beaucoup plus grand nombre de cellules souches a été observé. Il est bien connu que l’irradiation par des Ultra-Violets B induit une dégranulation des cellules souches et une libération de TNF-alpha. Le nombre élevé de cellules souches présent chez les patients atteints de dermatite d’écran vidéo et la libération possible de substances spécifiques, comme de l’histamine, peuvent expliquer les symptômes cliniques de démangeaisons, de douleurs, d’œdèmes et d’érythèmes. La modification la plus remarquable parmi les cellules cutanées, après exposition aux sources de radiations mentionnées ci-dessus est la disparition des cellules de Langerhans. Cette modification a également été observée chez les patients atteints de dermatite d’écrans vidéo, ce qui indique un mécanisme cellulaire et moléculaire commun. Les résultats de cette étude de littérature démontrent que des modifications hautement similaires existent chez les patients atteints de dermatite d’écrans vidéo et ceux dont la peau a été agressée par de la lumière ultra-violette ou par des radiations ionisantes, en ce qui concerne les manifestations cliniques et les altérations dans les populations cellulaires.

Dans la seconde publication, parue dans le journal “Medical hypotheses”, la relation entre l’exposition aux champs électromagnétiques et la santé humaine est plus que jamais en point de mire. Ceci est dû principalement à l’augmentation rapide de l’utilisation de tels champs électromagnétiques dans notre société moderne. L’exposition aux champs électromagnétiques a été mise en relation avec certaines formes de cancer, comme les leucémies, les cancers du cerveau par exemple, avec des maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, avec l’asthme et l’allergie, et plus récemment avec le phénomène d’électrosensibilité et de dermatite d’écrans vidéo. Ces personnes souffrent de symptômes objectifs et subjectifs en relation avec la peau et les muqueuses, comme des démangeaisons, des sensations de chaleur, des douleurs, des érythèmes, des papules et des pustules (cfr. ci-dessus). Dans des cas graves, des personnes ne peuvent par exemple, pas utiliser de moniteur vidéo d’ordinateur ni de lumière artificielle, ni se trouver à proximité de téléphones mobiles. Les cellules souches, lorsqu’elles sont activées, libèrent un ensemble de médiateurs, parmi lesquels l’histamine, qui est impliquée dans une quantité d’effets biologiques à manifestation clinique, c’est à dire l’hypersensibilité allergique, les démangeaisons, les œdèmes, les érythèmes locaux et beaucoup de types de dermatoses.

A partir des résultats d’études récentes, il est clair que les champs électromagnétiques affectent la population des cellules souches et la population des cellules dendritiques. Ils peuvent dégranuler ces cellules. La libération dans la peau par les cellules souches de substances à propriétés inflammatoires, comme l’histamine donne lieu à des érythèmes locaux, à des oedèmes, à des démangeaisons, à des douleurs. La libération de somatostatine par les cellules dendritiques peut donner lieu à des sensations subjectives d’inflammation progressive et de sensibilité à la lumière ordinaire. Comme déjà mentionné, il y a des symptômes communs décrits par des patients souffrant d’électrosensibilité / de dermatite d’écrans vidéo. Des cellules souches sont également présentes dans les tissus cardiaques et leur localisation correspond particulièrement à leur fonction. Des données provenant d’études réalisées sur les interactions des champs électromagnétiques avec la fonction cardiaque ont démontré que des modifications très intéressantes se produisent dans le cœur après exposition à des champs électromagnétiques.

FEB: Comment décririez-vous le monde dans lequel vivent des personnes électrosensibles?

Prof. Johansson: En tant qu’individu sain, il est toujours très difficile de tenter de décrire la situation propre de certains patients, et je préférerais que quelqu’un d’autre réponde à cette question. Mais, en essence, cela doit être une vie quotidienne très dure (surtout pour des personnes asthmatiques ou allergiques) d’être astreint à prendre sans cesse garde à des situations périlleuses d’exposition imprévisibles. Et où peut-on trouver aujourd’hui un environnement électromagnétique équivalent à celui qu’on aurait pu trouver pendant les années 50, par exemple? Ou ce qui confond bien plus l’imagination, où pourrait-on trouver un milieu équivalent au niveau de celui de l’an dernier, en exposition à des hautes fréquences? Nulle part, je présume, car le développement de tous ces systèmes est tellement rapide et nous envahit tous très vite.

C’est pourquoi, la liberté de base du choix du lieu de vie, du lieu de travail etc. est impossible en ce qui concerne les exigences des personnes électrosensibles. Et donc, la question de l’électrosensibilité devient une question de démocratie!<


(1) Unité de Dermatologie expérimentale, Département de Neuroscience, Institut Karolinska, Stokholm (Suède)

(2) FEB (Swedish Association for the electrically sensitive, P.O. Box 6023, S-10231, Stockholm (Suède)

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